Les roms et la mendicité

La question de la mendicité des enfants à Bruxelles est une matière concernant surtout les Roms et en particulier les Roms provenant de la Roumanie. C’est pourquoi le présent document se centrera exclusivement sur ce groupe. Les enfants qui sont confrontés à la mendicité des mineurs sont aussi pour la plupart des mineurs accompagnés de leur famille. Donner un aperçu général de la situation n’est pas chose aisée, tant les attitudes et les pratiques varient en fonction de la région dont on provient ou selon la famille à laquelle on appartient. Notons d’emblée que la mendicité des Roms n’est qu’un problème qui fait partie d’une problématique complexe, mais c’est celui qui est le plus visible et touche le plus fort l’opinion publique.
 

1. Pourquoi les Roms quittent-ils leur pays d’origine ?

Dans leur pays d’origine, le racisme et les discriminations prédominent à l’égard des Roms et sont enracinés depuis des centaines années. Il en découle une exclusion importante des Roms dans de nombreux domaines de vie.
Faisant l’objet de discriminations dans les écoles et donc, ayant rarement la possibilité d’achever leurs études, leur situation se précarise. Ils sont le plus souvent cantonnés (quand ils arrivent à être acceptés par le reste de la population) à effectuer des travaux en général mal rémunérés et à habiter des maisons insalubres où manquent certains équipements de base (comme l’eau, l’électricité, le chauffage, des toilettes,…) ; ce qui n’est pas sans répercussions sur l’hygiène et la santé. Les difficultés financières et les problèmes de discrimination raciale rendent les services de soins de santé et les services sociaux peu accessibles à la population Rom. De même, n’existe-t-il pas vraiment de justice pour les Roms : pratiques discriminatoires ou violence inappropriée des forces de l’ordre sont monnaie courante.
Plusieurs rapports récents des Nations Unies et d’Amnesty International (voir annexe 1) dénoncent les discriminations notoires dont les Roms font l’objet.


2. Pourquoi les Roms mendient-ils ?

Une importante étude universitaire (Adriaenssens & Clé, 2004-2006) démontre que plus ou moins 3 mendiants sur 4 à bruxelles sont des Roms originaires de Roumanie.  En raison de leurs statuts de séjour, ces personnes n’ont que très rarement accès au marché du travail ou à des allocations quelconques.  Faire la manche est pour nombre d’entre elles l’unique moyen légal d’obtenir des revenus.  Une adresse est souvent nécessaire pour les démarches administratives. Il est dès lors indispensable de se trouver un logement ce qui représente une grande somme à débourser étant donné le manque de revenu stable. La mendicité peut s’imposer comme un moyen de pouvoir payer le loyer ou de nourrir la famille. Elle permet de survivre. Confrontés à tout moment à l’incertitude et à certains risques, les Roms vivent au jour le jour sans savoir de quoi demain sera fait (Y aura-t-il à manger en suffisance ? Sera-t-on encore sur le territoire ? …)
Par conséquent, pour beaucoup de gens, la pratique de la mendicité s’inscrit comme une période transitoire, comme une phase dans leur parcours; jusqu’à ce qu’ils atteignent une vie plus stable.
Beaucoup de gens essayent aussi de ne pas mendier, mais plutôt d’effectuer un travail : ils animent les rues en jouant de la musique, vendent des fleurs, lavent les vitres des voitures, …

Nous nous trouvons confrontés à une situation telle qu’il est préférable pour la population Rom de vivre en Belgique sans papiers et sans droits plutôt que de rester dans leur pays d’origine.

D’une façon générale, on peut dire que les gens mendient pour survivre et non pas parce qu’ils seraient victimes de réseaux maffieux. Si des réseaux d’exploitation existent, il s’agit d’une réalité marginale à Bruxelles. Quoi qu’il en soit, s’il convient d’adopter une attitude très ferme à l’égard des personnes qui exploitent la mendicité des mineurs, il ne faut pas la généraliser à l’ensemble des mineurs confrontés à la mendicité qui ne fait pas partie de réseaux de traite.


3. Pourquoi les parents emmènent-ils leurs enfants dans la rue ?

Si les parents Roms mendient avec leurs enfants, soulignons que cela n’est ni inhérent à la culture Rom ni à la volonté réelle des parents. La cause principale en est l’exclusion sociale et la pauvreté. Certes avoir un petit enfant à ses côtés favorise la manche ; mais à la base, il ne s’agit pas d’un choix.

Laisser un enfant en bas âge à l’école ou à la maison, c’est vivre avec l’angoisse d’être expulsé (sans pouvoir prévenir qui que ce soit) et la crainte d’être séparé de sa fille ou son fils, sans que ceux-ci ne puissent s’exprimer ou comprendre correctement ce qui se passe. Avoir son enfant auprès de soi permet dès lors de se prémunir contre ce type d’angoisse.

La vision culturelle de l’enfant varie en fonction du groupe d’appartenance. En Europe, nous sommes habitués à laisser nos enfants dans des crèches dès les premiers mois. Pour les Roms, le lien entre la mère et l’enfant reste étroit : les enfants ne vont à l’école qu’à partir de sept ans ; par conséquent, se séparer de son enfant dès son plus jeune âge peut être vécu comme une forme d’abandon. Par ailleurs, dans les pays d’Europe de l’Est, la règle était (et reste encore) que les mamans (pas uniquement Rom) aient droit et optent pour trois ans de congé parental rémunérés ; elles restent alors chez elles afin de s’occuper de leurs enfants.


4. Pourquoi les enfants sont-ils dans la rue et pas à l’école ?

Outre la peur d’être expulsées sans les enfants, certaines familles nous ont raconté que pour les parents il peut être difficile d’assurer que l’enfant puisse manger à l’école. En effet, certaines familles n’ont pas les revenus pour payer un repas chaud à l’école, et même emmener des tartines est souvent difficile. Une maman qui doit aller chercher ses enfants à l’école pendant l’heure du midi afin de les nourrir perdra une partie du temps qu’elle peut consacrer à la manche et son « revenu » en sera automatiquement modifié à la baisse. En rue, les enfants sont nourris.

Notons aussi que les parents Roms n’ont pas pris l’habitude d’emmener leurs enfants dans les crèches parce qu’ils ont développé en Roumanie un important manque de confiance dans les institutions, quelles qu’elles soient, du fait des nombreuses discriminations dont ils sont l’objet.

La scolarité des enfants Roms est une problématique complexe, dont on ne peut creuser toutes les pistes ici. Il est cependant indispensable de tenir compte des différentes attitudes des Roms vis-à-vis l’école et des écoles à l’égard des Roms.


5. Quelle est la position des enfants Roms dans la famille ?

Chez les Roms, les enfants sont en général bien soignés et occupent une position importante dans la famille. Les parents éprouvent un profond attachement pour leurs enfants. Ils veulent leur donner la meilleure vie possible. Et même si on a parfois l’impression que l’enfant se retrouve seul en rue, il est le plus souvent sous la surveillance étroite d’un adulte ou à quelques mètres de sa mère.

Bien qu’il ne soit pas majeur au regard de la loi, un garçon ou une fille Rom n’est plus un enfant à partir de 15 ans. La communauté Rom le considère comme un adulte qui a ses propres décisions et responsabilités. Il n’est plus obligé de faire quelque chose contre sa propre volonté. Il reste néanmoins très attaché à ses parents et sa famille.

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